Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/383

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— Il paraît Mexicain ; du moins, il porte ! e costume des rancheros.

— Ce n’est pas toujours une raison.

— Après cela, que nous importe ? Il est mort, sa fortune est faite et ses peines finies en ce monde.

— Il est heureux, il ne souffre plus, dit Cœur-Sombre en étouffant un soupir.

— Nous ne pouvons l’abandonner ainsi comme un coyote, dit Main-de-Fer, pour donner un autre cours aux pensées de son ami.

— C’est vrai ; creusons-lui une fosse… là, au pied de cet arbre, où il est tombé. Au moins, si sa vie a été agitée, il reposera tranquille.

— C’est cela, dit Main-de-Fer, ce sera l’affaire de quelques minutes.

Ils se mirent aussitôt à l’œuvre avec leurs haches.

La terre était friable.

En moins d’une demi-heure, ils eurent creusé une tombe profonde de près de deux mètres.

Voilà qui est fait, dit Main-de-Fer en se redressant et essuyant la sueur dont son visage était inondé. Passe-moi le corps ; je reste dans la fosse pour le recevoir.

— Je voudrais cependant savoir qui il est, dit Cœur-Sombre en hochant la tête.

— Bon, pourquoi cela ? répondit Main-de-Fer avec indifférence, que nous importe ?

— À nous personnellement rien mais peut-être a-t-il des parents, des amis que sa disparition inquiétera.

— Que pouvons-nous faire à cela ? Rien. Nous lui rendons le seul service qu’il nous soit possible de lui rendre. Quant au reste, à la grâce de Dieu ! Combien de nous disparaissent ainsi chaque jour dans la savane, sans que jamais on sache ce qu’ils sont devenus. Un sort pareil nous attend peut-être demain.

— C’est juste ; mais si cela nous arrive à nous, on nous reconnaîtra grâce aux papiers dont nous sommes porteurs, et que l’on trouvera dans nos habits.

— Cela nous avancera beaucoup, si nous sommes tués