Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/387

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» Ce soir, je quitterai Tubac, et, toutes affaires cessantes, je me rendrai, moi aussi, à la Florida.

» Je comptais sur vous pour me donner un coup de main.

» Mais, d’après ce que vous me dites, il vous est impossible de venir. Je le regrette d’autant plus que je serai seul. N’ayant pas la force, j’agirai de ruse.

» J’ai bon espoir de réussir. Nul ne me soupçonnera, j’aurai donc mes coudées franches.

» Dussé-je la tuer, cette fois, elle ne m’échappera pas.

» Dans tous les cas, ainsi que nous en sommes convenus, je vous rejoindrai avant quatre jours au Palo Quemado, et, je l’espère, avec elle.

» Encore une fois, merci ! »

— Signé, ajouta Cœur-Sombre.

— Oui, voyons un peu la signature ; c’est l’important.

— « L’ami que vous savez », termina Cœur-Sombre.

— Comment, l’ami que vous savez ?… Et après ?

— Voilà tout ; il n’y a pas d’autre signature.

— Patatras ! fit Main-de-Fer ; ni vu ni connu je t’embrouille !

— Que penses-tu de cette lettre ?

— Ce que tu en penses aussi probablement.

— C’est-à-dire.

— Que cette lettre se rapporte à la comtesse et qu’elle est exposée à le grands dangers de la part de cet ami, que l’autre sait, le destinataire inconnu de la lettre.

— Telle est aussi ma pensée. Ah ! j’ai eu grand tort de me séparer ainsi de cette généreuse femme !

— Ah ! tu le reconnais maintenant ?

— J’en suis désespéré. Que faire ?

— D’abord ne pas te chagriner ainsi ; ensuite réfléchir que si tu n’avais pas fait cette belle escapade, tu ne saurais rien du danger de la comtesse, et que tu as eu raison sans le savoir, ainsi que cela arrive souvent lorsqu’on se laisse aller à faire des coups de tête.

— En effet, c’est Dieu qui nous a conduits ici.