Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/391

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— Sur ma foi, dit Main-de-Fer, si ce n’était la lettre, si providentiellement tombée entre nos mains, je regretterais fort ton escapade, ami Cœur-Sombre.

— J’étais fou ; pardonne-moi.

Et il lui tendit la main.

Cinq minutes plus tard, les trois Indiens et les deux chasseurs, courbés sur leurs mustangs, dévoraient l’espace dans la direction de la Florida.


XI

DANS LEQUEL LE MAYOR ET FELITZ OYANDI CAUSENT DE LEURS PETITES AFFAIRES.


La Sierra di Pajarros commence à la frontière du Mexique : aux environs de San Lazaro, dans la province de Sonora ; elle coupe en deux l’ancien État de l’Arizona, appartenant maintenant aux États-Unis, et abaisse ses derniers contre-forts sur les bords même du Rio Gila.

L’aspect de cette sierra, la plus belle de ces régions, est des plus pittoresques et des plus saisissants.

Pendant un parcours de plus de cent lieues sur une profondeur de six et parfois davantage se succèdent, sans interruption, des forêts vieilles comme le monde, et cachant leurs hautes futaies dans les nuages.

Elles abritent sous leurs majestueuses frondaisons quelques villages espagnols en ruine, prenant orgueilleusement le nom de villes, et plusieurs tribus indiennes de la nation des Pimas.

Rien ne repose la vue et ne réjouit le cœur des voyageurs attristés et fatigués comme ces vertes montagnes, entourées de toutes parts de déserts de sables arides et désolés, du milieu desquels elle semblent tout à coup surgir comme de radieuses oasis.

La sierra de Pajarros, presque ignorée, et à peine in-