Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/401

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— Bien des ennuis. Mais je ne serais pas fâché de me mettre quelque chose sous la dent, quand ce ne serait que pour m’assurer que je n’ai pas perdu l’habitude de manger.

— C’est juste.

Et le Mayor, se levant, s’empressa de le servir.

Il mit en un instant devant lui une quantité de vivres suffisante pour le repas de quatre hommes.

Sébastien, dès qu’il sentit les vivres à sa portée, se jeta dessus, avec un rire farouche, et se mit à manger gloutonnement.

Le Mayor et Felitz Oyandi lui versaient à boire et lui avançaient les plats.

Sébastien se laissait faire.

C’était un homme trapu, de taille moyenne, mais doué d’une énorme force musculaire.

Ses cheveux, coupés ras, commençaient à blanchir aux tempes ; il portait de larges favoris ; il paraissait avoir cinquante ans environ.

Son costume était celui d’un matelot au long cours.

Du reste il en avait toutes les allures.

L’on reconnaissait au premier coup d’œil que cet homme avait dû passer la plus grande partie de son existence sur le pont d’un navire.

Il mangea énormément et but à proportion.

Il semblait insatiable et ne devoir jamais s’arrêter.

Le Mayor paraissait prendre plaisir à le pousser à boire et à manger.

Chaque fois que le matelot faisait mine de repousser son assiette, le Mayor insistait, si bel et bien, que le matelot se remettait à l’œuvre.

Cependant, tout a une fin sur ce monde sublunaire, même l’appétit et la soif d’un matelot.

Un moment arriva où il fut positivement impossible à Sébastien d’avaler un morceau de plus ; il en avait littéralement jusqu’au nœud de la gorge, ainsi que disent les marins.

Le matelot avala une large rasade d’eau-de-vie, pour