Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/408

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trouvai donc en plein désert, sans armes et sans vivres ; ce n’était pas drôle. Je ne sais vraiment comment j’ai réussi à arriver jusqu’ici : voilà !

Le Mayor était subitement devenu pensif.

— C’est étrange murmura-t-il à plusieurs reprises.

— Eh bien ! mon colonel, que pensez-vous de cela ? reprit le matelot.

— Je pense que tu es un maladroit et que ton pays est un imbécile.

— Peut-être. Une ressemblance comme celle-là est vraiment incroyable.

— Je serais curieux, dit le Mayor avec un rire qui résonnait faux, je serais curieux de m’assurer par moi-même si cette ressemblance est aussi frappante que ton pays le soutient

— Hum ! cela ne me paraît pas facile, grommela le matelot en hochant la tête.

— Peut-être, reprit le Mayor.

Il s’approcha de Felitz Oyandi, et, le poussant du pied :

— Debout ! compagnon, lui dit-il.

Felitz Oyandi s’éveilla en sursaut. Il dormait réellement.

— Ah ! fit-il en sautant sur ses pieds. Avez-vous donc fini de bavarder en danois ?

— Oui dit le Mayor avec un sourire contraint.

— Très bien ! Que venez-vous m’annoncer, alors ?

— Tout simplement ceci : Rassemblez le plus de monde que vous pourrez ; dans huit jours, nous attaquerons la Florida.

— Qu’est-il donc arrivé pour que vous changiez si brusquement d’avis ?

— Que vous importe, puisque je fais ce que vous désirez ?

— C’est juste ; ai-je votre parole ?

— Je vous la donne, avec ma main.

— C’est bien ; alors, je pars tout de suite ; car je n’ai pas un instant à perdre pour être prêt au jour convenu.