Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/412

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— C’est juste ! s’écrièrent en souriant tous les assistants.

— Oui, ajouta le docteur, il faut de la sévérité.

Dona Luisa, après avoir conduit les deux jeunes femmes au salon désigné pour leur servir de prison, laissa passer le docteur.

Puis elle embrassa affectueusement les deux dames, leur serra les mains, et referma la porte sur elles, en disant avec une douce raillerie :

— Ne vous ennuyez pas trop !

— Merci mille fois de nous avoir ménagé ce tête à-tête, dit Leona.

— Nous avons tant de choses à nous dire, ajouta Denizà.

— Revenez-nous bien vite, dit dona Luisa.

— Soyez tranquille, senora ; ne suis-je pas là ? dit le docteur.

Dona Luisa de Cardenas se retira.

Nos trois personnages demeurèrent seuls.

Les confidences commencèrent.

Elles furent longues et surtout intéressantes.

Tant de choses s’étaient passées depuis quatorze ans !

Tant d’événements avaient eu lieu !

Nous ferons en quelques mots l’histoire de ces quatorze années.

Le docteur d’Herigoyen n’avait pas voulu se séparer de Denizà, dont le père et la mère étaient morts en lui laissant à peine de quoi vivre.

La présence de la jeune fille près de lui avait été une grande joie pour le docteur, en même temps qu’une immense joie pour Denizà.

Ces deux cœurs brisés, ces deux âmes meurtries s’étaient raffermis et rassurés en confondant leurs douleurs, et parlant sans cesse des exilés qu’ils aimaient tant, l’un surtout, Julian, vers lequel, à travers l’espace incommensurable qui les séparait, se dirigeaient toutes leurs pensées.