Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/434

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idées et leurs coutumes au peuple qu’ils venaient, disaient-ils, sauver.

Les pillages, organisés par les chefs de l’armée, étaient scandaleux.

Ils prenaient de toutes mains et faisaient filer incessamment des wagons vers la côte, sans autre souci que celui de s’enrichir quand même, et le plus vite possible.

Ils ne rêvaient que mines d’or, et se figuraient être dans le fabuleux Eldorado, où a si heureusement voyagé Candide.

Tous les chefs du gouvernement mexicain étaient plus ou moins gangrenés, tout patriotisme était mort chez eux.

Une minorité cléricale infime avait appelé les Français.

Depuis que ceux-ci avaient mis le pied au Mexique, ils n’avaient jamais possédé que le terrain occupé par leur armée.

Chaque ville qu’ils quittaient se révoltait derrière eux et toujours, et partout de même.

C’était ainsi qu’ils avaient parcouru tout le Mexique, sans rien gagner.

Toujours aussi étrangers que le premier jour.

Bientôt ils reconnaîtraient leur impuissance à dominer dans ce pays, constamment hostile, et ils seraient contraints de se retirer pour ne pas éterniser une guerre sans but avouable.

Tout cela était dit et bien d’autres choses plus fortes encore, avec cette imperturbable urbanité que rien ne démonte et contre laquelle on ne peut rien.

Les critiques étaient amères, exagérées, sans doute, mais elles avaient un fond de vérité qui n’échappait à personne.

Pour clore cette conversation et l’empêcher de dépasser les bornes d’une discussion courtoise, un Mexicain proposa de boire avec du champagne à l’alliance, bien comprise et véritablement loyale, de la France, qui bientôt deviendrait républicaine, avec la République du Mexique.