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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/443

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— Il faut marier ces gentils amoureux le plus tôt possible, dit la comtesse en riant.

Au mot de mariage, Julian et Denizà avaient dressé l’oreille.

C’est ce que je compte faire ici même, dans votre chapelle, si vous le permettez, don Cristoval, répondit let docteur.

— Elle est tout à votre service, senor, dit l’haciendero.

— Et puis, reprit en souriant le docteur, nous les renverrons passer leur lune de miel en France.

— Hélas ! père, dit Julian, vous oubliez que Bernardo et moi, nous sommes contumaces et que nous avons été condamnés à dix ans de déportation en 1852.

— Je n’oublie rien, fils ; je ne radote pas encore ; toi et Bernardo, vous êtes libres.

— Libres ! s’écrièrent les deux hommes avec une joie profonde.

— Libres ! répéta Denizà, oh ! père, je vous devine, ajouta-t-elle en se jetant à son cou.

— Voyez-vous mademoiselle la câline ! reprit gaiement le docteur en se dégageant doucement, elle devine tout ! on ne peut rien lui cacher ! Ce n’est pas moi, c’est Julian qu’il faudrait embrasser ainsi.

— Oh ! il n’y perdra rien ! dit-elle avec une charmante coquetterie.

— Je le sais bien, dit le docteur en riant.

— Et moi aussi ponctua joyeusement Julian ; mais comment se fait-il ?

— Écoute notre père, dit Denizà, en lui fermant la bouche avec un baiser.

Argument irrésistible, et qui le rendit muet aussitôt.

— Lorsque je me proposai pour faire partie de l’expédition du Mexique, je savais que l’on avait besoin de moi ; je posai donc mes conditions, ou plutôt une condition : la liberté de mon fils et celle de son ami. Ainsi que je m’y attendais, ma demande fut acceptée en même temps que ma nomination, je reçus ces deux pièces transmises par le garde des sceaux à son collègue le ministre de la guerre,