Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/444

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et signées par l’empereur. Ce n’est pas une grâce, c’est une amnistie complète et sans conditions, qui autorise MM. Julian d’Hérigoyen, médecin de la Faculté de Paris, et Bernardo Zumeta, propriétaire et ancien marin, à rentrer en France aussitôt qu’il leur plaira et les rétablit dans tous leurs droits civils et politiques.

— Vous avez obtenu ces deux amnisties complètes, père ?

— Les voici, dit le docteur.

Et retirant les papiers de son portefeuille, il remit le sien à chacun des deux jeunes gens.

— Vous pouvez vous en assurer par vous-mêmes, ajouta-t-il en souriant.

— C’est vrai ! s’écrièrent Julian et Bernardo d’une seule voix.

— Oh ! s’écria Bernardo, si c’est un rêve, je demande qu’on ne m’éveille pas, je suis trop heureux ! Caraï ! le Mexique est un beau pays, peut-être un peu trop émaillé de bêtes féroces, de sauvages et de bandits de toutes sortes ; mais je suis chauvin, moi, et j’avoue que je préfère la France, malgré l’absence de mines d’or, et que plus tôt j’y retournerai, plus je serai content.

— Ma foi, moi aussi, j’en conviens ! ajouta Julian en riant de la boutade de son ami.

— Oh ! oui, dit Denizà avec élan ; quittons au plus vite cet affreux pays.

Mais se reprenant aussitôt et se tournant vers dona Luisa, qui la regardait en souriant :

— Oh ! ajouta-t-elle avec sentiment, pardonnez-moi, madame, cette parole inconsidérée, le bonheur rend égoïste ; je sens que je ne serai complètement heureuse que lorsque je serai de retour en France avec celui que j’aime. Tant que je resterai ici, je craindrai de le perdre encore.

— Oui, répondit dona Luisa, vous avez raison, madame vous avez tant et si longtemps souffert ; que votre bonheur actuel vous effraie ; mais, rassurez-vous, ajouta-t-elle avec un délicieux sourire, nous ferons