Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/71

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— J’espère que ce n’est qu’une indisposition ; cependant je désire voir le docteur ; hâte-toi, mignonne, afin de m’aider à me mettre au lit, j’ai froid.

— Je le crois bien, le feu est presque éteint.

— Va, dépêche-toi !

La jeune fille sortit. Bientôt elle reparut apportant le thé, qu’elle disposa sur une petite table, près du fauteuil de sa maîtresse ; puis, avec une adresse et une rapidité extrêmes, elle refit le feu, qui bientôt pétilla et lança de joyeuses flammes.

— Ah ! je me sens mieux ; j’étais gelée, dit la marquise avec bien-être.

En un tour de main, la fillette eut arrangé son lit sur le divan.

— Là, voilà qui est fait, dit-elle, en riant ; je serai là comme une princesse.

— As-tu donné l’ordre d’aller demain, de bonne heure, chercher le docteur ?

— Oui, madame.

— Alors, va prévenir que tout le monde peut se coucher.

— Je l’ai dit déjà, madame.

— Viens t’asseoir près de moi, et bois un peu de thé.

La jeune fille prit une chaise, et se plaça en face de sa maîtresse, qui lui versa une tasse de thé.

— Tu m’aimes bien, n’est-ce pas Clairette ? dit la marquise après un instant.

— Oh ! oui, madame, répondit la jeune fille avec sentiment ; vous êtes si bonne !

— Tu serais fâchée de me quitter, n’est-ce pas ?

— Oh ! jamais je ne vous quitterai, madame.

— Si je partais pour faire un long voyage cependant ?

— Je vous accompagnerai ; pourvu que je reste près de vous, tout m’est égal, maîtresse. Pourquoi donc me demandez-vous cela ?

— Parce que, mignonne, il peut surgir tel événement qui m’oblige à partir, pour longtemps, peut-être pour toujours, quitter la France, que sais-je, moi ?