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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/87

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— Je ne puis reparaître ici aujourd’hui, madame ; revenir serait une grave imprudence.

— C’est vrai.

— Dès que vous vous serez enfermée chez vous, vous vous habillerez en homme, en ayant soin de cacher votre admirable chevelure blonde sous une perruque brune ; vous jetterez quelques vêtements de rechange dans une valise que vous emporterez avec vous, vêtements d’homme, bien entendu ; puis vous sortirez par l’issue secrète, vous vous rendrez, votre valise sous le bras, à l’endroit où la nuit passée j’ai caché mon cabriolet ; un cheval tout sellé vous attendra attaché à un arbre. Retrouverez-vous bien la place ?

— Oui, docteur, soyez tranquille.

— Vous vous mettrez en selle, et vous tournerez la ville sans y entrer, pour gagner Bayonne, c’est une course de quatre lieues et demie à faire en pleine nuit.

— Je la ferai, docteur.

— Bon ! je vois que vous êtes bien résolue ?

— Oh ! oui, docteur, croyez-le.

— Sous la selle du cheval, il y aura un portefeuille contenant un passe-port ; où comptez-vous vous rendre, madame.

— À Paris, docteur, c’est là où il est, je crois, le plus facile de se cacher.

— En effet, madame, on se cache mieux dans une foule que dans un désert ; allez donc à Paris, madame ; seulement n’y allez pas directement. Parlez-vous l’espagnol ?

— L’espagnol, l’italien, l’anglais et l’allemand, docteur ; je parle ces diverses langues aussi couramment que le français.

— De mieux en mieux ; votre passeport sera espagnol vous serez un jeune homme appartenant à une famille riche de Burgos se rendant à Tours pour faire visite à des parents fixés dans ce pays. À Tours vous ferez viser votre passeport pour Bourges ; de Bourges vous vous rendrez à Orléans, et enfin, de cette dernière ville, vous vous dirigerez sur Paris ; vos traces seront ainsi perdues