Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/88

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au cas peu probable où des recherches seraient tentées.

— Je suivrai fidèlement cet itinéraire, docteur ; mais pourquoi un passeport espagnol.

— Parce que, madame, répondit-il avec un sourire un peu ironique, en France la qualité d’étranger est fort respectée et nul ne s’avisera de vous chercher noise. À Bayonne, vous descendrez à l’hôtel de Paris, c’est le premier de la ville et dans lequel descendent tous les Espagnols de condition. Là vous me trouverez, vous attendant ; si je ne puis y être, il faut tout prévoir, mon fils y sera et il vous indiquera les dernières mesures de précaution que vous aurez à prendre.

— Merci mille fois, cher docteur. Il ne me reste plus qu’une demande à vous adresser.

— Je suis à vos ordres, madame.

— Je vous ai dit que cette jeune fille que vous avez vue est ma sœur de lait, que je pouvais me fier à elle ; vous vous en souvenez, n’est-ce pas ?

— Parfaitement, madame. Vous désirez l’emmener avec vous, n’est-ce pas ? dit-il avec bonhomie.

— Oui, si cela est possible, docteur ?

— Vous pouvez compter sur son dévouement ?

— Entièrement. Je vous l’ai dit.

— Alors, il faut qu’elle parte avant vous, dans une heure, si c’est possible. Comment se nomme-t-elle ?

— Claire Martin.

— C’est bien ; elle recevra dans une heure une lettre qui l’appellera dans son pays pour affaire pressante ; où est-elle née ?

— À Chaville, près Versailles.

— Parfait ; elle aura soin de laisser voir sa lettre. Vous lui ferez son compte et elle partira aussitôt pour Bayonne, où elle vous attendra dans le faubourg du Saint-Esprit, à l’hôtel du Grand-Cerf ; seulement, madame, faites-lui bien sa leçon ; une erreur, si minime qu’elle fut, pourrait amener de regrettables complications.

— Oh ! je serai prudente, cher docteur, j’ai un trop