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XIX

COMMENT NAVAJA FIT SON RAPPORT AU MAYOR, ET CE QUI S’ENSUIVIT.


Nous reviendrons maintenant à l’un de nos principaux personnages, sinon le plus sympathique, mais tout au moins un des plus importants de cette histoire, que nous avons trop longtemps négligé, c’est-à-dire au Mayor.

Le Mayor ne perdait pas son temps tandis que l’haciendero et ses amis faisaient leurs préparatifs de défense pour résister à l’attaque furieuse dont ils étaient menacés.

Le Mayor, malgré sa scélératesse et ses instincts sanguinaires, était un homme remarquable sous beaucoup de rapports.

Comme militaire surtout, ses capacités hors ligne étaient généralement reconnues et appréciées des connaisseurs en pareille matière.

Ses magnifiques états de service faisaient foi de ses talents véritablement extraordinaires.

Une splendide carrière s’ouvrait devant lui ; et probablement, il serait arrivé jeune aux plus hautes distinctions militaires, si malheureusement pour lui, ses vices honteux et ses instincts essentiellement mauvais ne s’étaient pas jetés à la traverse, et n’avaient détruit à jamais cet avenir de gloire et d’honneur, pour le plonger au fond de l’abîme, où, aveuglé par ses passions, il s’était, pour les satisfaire à tout prix, précipité les yeux fermés.

Ne pouvant plus être ni un citoyen honorable, ni un officier distingué, il était tout naturellement devenu un grand scélérat et un bandit émérite.

Il y avait en cet homme quelque chose de puissant qui faisait que, quoi qu’il arrivât, il ne devait jamais rester