Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/116

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— Je ne dis pas cela ; seulement j’ai hâte de vous entendre.

— Je suis prêt.

— Attendez.

Le Mayor frappa sur la table avec le manche de son couteau.

— Le café, dit-il en même temps.

Après un instant, un aventurier entra, apportant le café, des liqueurs et des cigares.

— Que tout le monde quitte le jacal, dit le Mayor, j’ai besoin d’être seul avec Navaja, et je ne veux pas d’oreilles aux écoutes.

— C’est bien, répondit l’aventurier.

Il s’approcha de la portière intérieure : trois hommes partirent.

Sur un signe du Mayor, les quatre bandits quittèrent le jacal sans prononcer un mot.

— Nous sommes seuls, dit le Mayor. Nous pouvons causer à notre aise et sans craindre d’être entendus ; allez, je vous écoute. Un mot avant tout : avez-vous réussi à pénétrer dans l’hacienda ?

— J’y ai passé trois jours, Mayor.

— Hum ! alors vous avez dû apprendre bien des choses.

— J’ai appris tout ce qu’il vous était nécessaire de savoir.

— Voyons.

— Interrogez-moi ; cela ira plus vite.

— C’est juste. S’attendent-ils à être attaqués ?

— Parfaitement.

— Sont-ils nombreux ?

— Trois cent vingt-trois en tout.

— Tant que cela ?

— Pas un de moins ; je les ai comptés moi-même. Ce sont des peones indiens, les vaqueros de don Cristoval.

— Tristes soldats, fit le Mayor en allongeant les lèvres avec dédain.

— Oui, assez tristes ; mais ils se battront.

— Vous croyez ?