noncer une parole, n’ayant pas été, jusque-là, invité à donner son avis.
— Mais que faire, alors ? reprit le docteur avec animation ; comment nous mettre à l’abri d’une attaque de ce misérable Mayor ? Nous ne pouvons cependant pas nous livrer à sa merci et nous laisser assassiner par lui…
— Dieu nous en garde ! mon père ; mais avec votre permission, je crois que cette affaire doit être menée à la mode des frontières, en luttant de ruses avec ces maîtres en fourberie. Qu’en pensez-vous, don Cristoval ?
— Mon avis est le vôtre, señor.
— Et vous, ño Ignacio Torrijos !
— Señor Cœur-Sombre, dit le mayordomo, votre réputation est trop bien établie dans la savane pour que je me permette de discuter une aussi grave question avec vous ; mon opinion est absolument semblable à la vôtre, je crois comme vous que nous devons agir par nous-mêmes, et selon les usages du désert.
— Très bien ! je ne demande pas l’avis de mon ami…
— C’est parfaitement inutile, interrompit Bernardo ; dis-nous seulement si tu as un plan, et développe-le sans plus longtemps discuter, ce qui nous fait perdre un temps précieux.
— Tu as raison, cher ami. Dites-moi, ño Ignacio Torrijos, combien avez-vous de vaqueros sur les pacages ?
— Sept cent cinquante, señor, répondit le mayordomo.
— Pouvez-vous répondre d’eux ?
— De tous ; ce sont des hommes dévoués, d’anciens chasseurs de bisons pour la plupart, fort braves et sachant admirablement se servir de leurs armes.
— Bon, cela ! Il nous faut agir dans l’hypothèse d’une attaque double, de front et à revers, et peut-être de flanc, faites toutes spontanément par au moins deux cents ou deux cent cinquante hommes, peut-être plus, parce que le Mayor voudra en finir une fois pour toutes avec nous, comme nous sommes résolus à en finir avec lui.
— C’est l’habitude du Mayor, en effet, de procéder par attaques furieuses sur plusieurs points à la fois, afin de