Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/132

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— C’est magnifique ! Il n’y a que toi pour faire de telles surprises à tes amis.

— Enfin, tu me rends justice. Eh bien, là, franchement, maintenant que rien ne te retient plus…

— Rien absolument.

— À quand l’expédition ?

— Demande à Navaja ce que nous disions avant ton arrivée ?

— Le Mayor me disait, fit Navaja en se mêlant à la conversation : si Calaveras arrive comme il nous l’a promis avec les hommes que j’attends, l’expédition aura lieu dimanche prochain.

— Dimanche prochain ? Oh ! oh ! fit Felitz Oyandi en ricanant, caraï ! voilà une singulière coïncidence.

— Que veux-tu dire ?

— C’est vrai, tu ne sais pas !

— Quoi ? parle donc, au nom du diable !

— C’est que la plaisanterie est excellente ! s’écria-t-il en riant.

— Veux-tu t’expliquer, oui ou non ?

— Allons, ne te fâche pas, m’y voici. Sache donc que c’est précisément dimanche prochain que notre ami le Cœur-Sombre doit enfin épouser sa chère Denizà ; comprends-tu l’à-propos ?

— Pardieu ! si je le saisis ! s’écria le Mayor en pouffant de rire. Ah ! sur ma foi ! la plaisanterie est excellente. Il faut avouer que le hasard fait bien des choses ! Nous nous inviterons au bal, et nous ferons danser la mariée ; ce sera charmant !

Si, en ce moment, le Mayor avait eu la pensée de regarder Navaja, l’éclair de haine qu’il aurait vu jaillir des regards de celui-ci lui aurait donné fort à penser.

Mais il ne vit rien. Navaja, qui s’était oublié une seconde, éteignit subitement le feu de son regard, composa son visage, et, de l’air le plus joyeux, il fit chorus avec ses deux compagnons.

— Ah ça ! comment as-tu appris la date de ce mariage ? reprit le Mayor.