Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/135

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portait qu’une amitié plus que problématique, et ne s’intéressait que très médiocrement.

Les coquins n’ayant en général que peu de sympathie les uns pour les autres, leurs relations sont toujours basées, non pas sur l’amitié, mais essentiellement sur l’intérêt.

Cependant il commençait à ouvrir les oreilles et à interroger ses compagnons du regard. Il importait donc de ne pas éveiller davantage son attention : mais, au contraire, de lui donner le change et de couper court ainsi à toutes les suppositions, que son esprit soupçonneux, et toujours sur le qui-vive, pourrait faire.

— Eh ! mon maître, dit le Mayor, avec un gros rire, tu es tout interloqué, il me semble ?

— Hein, que veux-tu dire ? se récria Felitz Oyandi.

— Dam ! c’est visible.

— Oh ! il est pris, ajouta Navaja avec un rire railleur.

— Ah ça ! vous moquez-vous de moi ?

— Pardieu ! depuis une heure, cher ami ! toi qui t’entends si bien à railler les autres, avec les soi-disant surprises que tu leur ménages, comment trouves-tu que nous nous y entendons, nous aussi ?

— C’est donc une plaisanterie ? fit-il avec un regard inquisiteur.

— Que veux-tu que ce soit ? mon pauvre ami, nous avons voulu te rendre la monnaie de ta pièce, voilà tout.

— Pas autre chose, fit Navaja en riant.

— Qu’en penses-tu ?

— Je pense que vous êtes des niais de croire que j’ai été votre dupe.

— À la bonne heure, tu t’en tires mieux que je ne l’aurais supposé. Sache donc que notre ami Sebastian est tout simplement et tout bêtement parti pour Guaymas, afin de surveiller certain navire français que tu sais, faire causer l’équipage autant que possible, et cela, dans ton intérêt, ou plutôt dans celui de tes amours. Me comprends tu maintenant ?