— Eh ! eh ! fit Felitz Oyandi avec un hideux sourire, il y a peut-être une idée là.
— Il y en a une certainement, et tu t’en apercevras aussitôt que nous nous serons emparés de la Florida et de ceux qu’elle renferme.
— Parles-tu sérieusement ? fit le boiteux en lui lançant un regard singulier.
— Je ne plaisante jamais quand il s’agit d’intérêts sérieux.
— C’est vrai, je dois en convenir.
— Merci ; tu me rends justice, mais ce n’est pas tout.
— Oh ! oh ! tu es en verve, cher ami.
— Tu en jugeras : en revenant de Guaymas, après ses affaires terminées, Sebastian a l’ordre de passer par Hermosillo.
— Et pourquoi à Hermosillo ? fit-il avec intérêt.
— Ne sais-tu pas qui habite là ?
— Doña Luz.
— Allons donc ! tu as la compréhension bien dure aujourd’hui !
— Dam ! c’est que je ne vois pas…
— Allons, je crois qu’il faut que je m’explique, car tu ne devinerais jamais.
— Oui, je pense que cela vaudra mieux.
— C’est cependant bien simple. Enfin, puisqu’il le faut, écoute-moi donc.
— Je ne perds pas un mot.
— Tu n’ignores pas que j’ai des sommes considérables déposées chez don Luis Allacuesta, le père de ma femme.
— Tu parles de doña Luz ?
— De qui diable veux-tu que je parle ? fit le Mayor en fronçant les sourcils.
— Pardonne, je ne savais ce que je disais ; oui, tu as, si je suis bien informé, environ un million de piastres placé dans cette maison.
— Un peu plus ; mais cela ne fait rien à l’affaire ; or, l’attaque et la surprise de l’hacienda, ainsi que ce qui s’ensuivra, ne laissera pas que d’avoir un certain reten-