tissement. Bref, le sol sera brûlant sous nos pieds, et, si nous ne prenons pas bien nos mesures, nous risquerons d’éprouver de sérieux désagréments.
— Tout cela est exact, j’y avais pensé déjà, et je me promettais de t’en parler.
— Tu sais que j’ai tout prévu.
— Continue, je te ferai après connaître mon opinion.
— Or, comme je ne me soucie pas, après avoir réussi à me venger de ceux que je hais, de tomber aux mains des Américains, des Mexicains ou des Français, car ils se mettront tous à nos trousses, nous aurons des relais préparés à l’avance jusqu’à Guaymas, où nous arriverons à franc-étrier. Nous nous embarquerons sur le navire français, où nous nous cacherons ; et nous serons en pleine mer avec nos richesses et nos amours, ajouta-t-il en riant, avant même qu’on se doute que nous avons quitté la savane. Que dis-tu de ce plan ?
— Je dis qu’il est admirable.
— Et comme nous avons le même banquier…
— L’affaire ira toute seule.
— Il n’y a pas la plus légère objection à faire.
— Ainsi, tu m’approuves ?
— Des deux mains. J’avoue que je n’étais pas sans inquiétude sur les suites de notre expédition.
— Et maintenant, tu es rassuré ?
— Il serait singulier que je ne le fusse pas. Et Sebastian ?
— Il est parti ce matin un peu avant le lever du soleil.
— Est-ce qu’il nous attendra là-bas ?
— Certes ; mais pas à Hermosillo, à Guaymas : il faut que rien ne nous arrête, que nous puissions nous embarquer aussitôt après notre arrivée, et être sous voiles une demi-heure plus tard.
— Allons, dit joyeusement Felitz Oyandi, je vois que tu n’as rien oublié. Sur ma foi, tu es un grand homme !
— Merci, dit-il en riant ; c’est en sachant tout prévoir à l’avance que l’on ne compromet jamais le succès d’une opération, si épineuse qu’elle soit.