Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/143

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Ceux-ci, en voyant venir le Mayor, firent halte et attendirent.

La résolution du Mayor était prise.

Il sembla ne pas remarquer ce que cet arrêt des étrangers avait de peu amical, et il continua à s’avancer.

— Soyez les bienvenus dans mon camp, caballeros, dit-il en les saluant avec courtoisie dès qu’il fut près d’eux. Veuillez mettre pied à terre et m’accompagner jusqu’à mon jacal, où je serai heureux de vous recevoir avec les honneurs auxquels vous avez droit.

Les coureurs des bois et les Sachems Comanches, contrairement à l’étiquette adoptée dans les prairies de l’Ouest pour les visites de courtoisie, étaient restés en selle. Ce qui donnait à cette entrevue une signification, sinon tout à fait hostile, mais du moins nullement amicale.

Les cinq hommes s’inclinèrent froidement au compliment du Mayor, mais ils ne firent aucun mouvement pour mettre pied a terre.

— Señor, répondit gravement la Main-Ferme, nous ne venons pas dans votre camp pour vous demander l’hospitalité du désert ; cette visite nous est imposée, à notre grand regret.

— Señor, répondit le Mayor avec dignité sans que les traits de son visage changeassent, est-ce donc en ennemi que vous vous présentez ?

— Non, pas encore ; cela dépendra de vous, répondit la Main-Ferme d’un accent glacé. Nous sommes envoyés vers vous pour vous signifier les volontés des chasseurs libres des prairies, d’avoir à quitter, sous trois jours, le camp retranché que vous occupez à la Fourche du Rio-Gila et du Rio-Puerco, et à rétrograder de vingt lieues, la position solidement fortifiée choisie par vous, étant une menace pour les chasseurs, et vous-même vous étant engagé, sur l’honneur, il y a deux ans, devant le conseil des chasseurs et trappeurs de ces parages, de ne