Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/144

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jamais vous approcher de plus de vingt lieues de ces territoires de chasse, à l’époque des grandes chasses d’automne…

— Ah ! fit le Mayor d’une voix sifflante, continuez.

— Mes amis et moi, reprit la Main-Ferme, sans modifier en rien le ton qu’il avait pris dès le début de cet entretien, nous sommes en outre chargés de vous remettre la copie de la confession d’un misérable faisant partie de votre troupe, lequel n’a échappé au châtiment mérité que lui allait infliger le juge Lynch, que pour tomber sous la balle d’un inconnu embusqué dans un arbre, et qui, profitant d’un moment de surprise, qui nous fit nous lancer à sa poursuite, a, quelques instants plus tard, fait disparaître le cadavre, qu’il nous a été impossible de retrouver.

À ces dernières paroles, le Mayor lança un regard de menace à Navaja.

Mais il aperçut sur les traits de l’aventurier une surprise si grande et si vraie, que le soupçon qui avait traversé son esprit s’éteignit aussitôt.

— Señor, reprit-il en s’adressant à la Main-Ferme, je ne comprends rien à cette affaire dont vous me parlez. Je ne vois pas ce que je puis avoir à démêler avec la confession de ce misérable, confession qui ne saurait être qu’un tissu de mensonges.

— Cela pourrait être, sans doute, si cette confession n’était pas affirmée vraie pour la plus grande partie, et cela sur l’honneur, par des témoins oculaires. J’ajouterai que cette confession vous charge de crimes horribles, et que les témoins dont vous lirez les noms au bas de cet acte sont dignes de foi, sous tous les rapports, et qu’ils ont, sur l’honneur, répondu de la véracité du déposant qui, paraît-il, n’aurait été que votre complice. Enfin, ajouta la Main-Ferme après un court silence, nous sommes chargés de vous signifier, mes amis et moi, le jugement du juge Lynch qui vous condamne à mort, à moins que, dans les dix jours qui suivront cette signification,