Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/147

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et il le jeta aux pieds du Mayor, en ajoutant ces derniers mots :

— Gardez-vous ! le Wacondah combattra pour la justice, avec ses enfants rouges. J’ai dit.

— C’est bien, Chef, répondit laconiquement le Mayor en ramassant le paquet de flèches.

Il y eut un court silence ; le Mayor sembla réfléchir.

Les Chasseurs et les Peaux-Rouges restaient froids, impassibles et immobiles comme des statues équestres.

Le bandit releva enfin la tête.

Son visage ne portait plus aucune trace de colère : il souriait.

Il reprit d’une voix douce et courtoise, en s’adressant d’abord à la Main-Ferme :

— Señor, dit-il, j’obéirai, parce que vous avez raison, à votre première demande ; sous trois jours, je lèverai mon camp et je me retirerai dans les limites convenues ; la Savane est assez grande pour que vous et moi y puissions vivre sans nous gêner. Quant à votre seconde demande, voici ma réponse : Le soin de mon honneur exige que je me présente devant le juge Lynch, j’obéirai donc à sa sommation : le dixième jour après celui-ci, au coucher du soleil j’arriverai au Voladero de la Palma, portant avec moi des preuves plus que suffisantes de mon innocence pour mettre à néant les odieuses calomnies inventées contre moi par vengeance, par un misérable indigne de toute croyance. Je vous jure sur mon honneur que je n’ai rien tenté pour le soustraire au châtiment qu’il avait si bien mérité ; il a été tué sans que j’en fusse informé ; quant à son cadavre, j’ignore comme vous comment et par qui il a été enlevé.

— Il suffit, señor, nous attendrons le dixième jour, et nous espérons que vous vous disculperez. Quant à la parole que vous nous donnez, nous y croyons, d’autant plus que vous n’aviez plus aucun intérêt à le sauver ou à le tuer après ce qu’il avait avoué.

Le Mayor se mordit les lèvres.