Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/148

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Il s’inclina silencieusement, et se tournant vers les deux Sachems, il reprit, toujours du ton le plus courtois, mais en changeant d’idiome :

— Sachems, je suis fâché que vous ayez déterré la hache contre moi. Je ne crois pas avoir rien fait qui justifie à vos yeux une résolution aussi terrible ; peut-être réfléchirez-vous et reconnaîtrez-vous que je ne suis pas aussi coupable que vous le supposez. Du reste, quelle que soit la détermination à laquelle vous vous arrêtiez définitivement, vous me trouverez également prêt pour la paix comme pour la guerre… Mais laissez-moi espérer encore que vous consentirez à enterrer si profondément la hache entre nous, que les petits enfants de nos fils ne pourront jamais la retrouver. J’ai dit.

— Les paroles du Vautour-Fauve des savanes, répondit le Grand-Bison, seront répétées autour du feu du conseil devant tous les Sachems réunis, mon frère et moi ne pouvons nous engager à davantage ; le Vautour-Fauve des savanes, un si grand guerrier, doit le comprendre ; mais qu’il veille ! J’ai dit.

Le Mayor s’inclina en souriant.

— Señores, dit-il, votre mission est accomplie ; aurai-je donc le déplaisir de vous voir quitter mon camp sans vous avoir fait prendre les rafraîchissements de l’hospitalité du désert ?

— Il nous est impossible de rester davantage, répondit la Main-Ferme : si nous prolongions plus longtemps notre séjour dans votre camp, cette longue absence donnerait des inquiétudes à nos amis et pourrait occasionner ainsi des évènements regrettables ; recevez donc nos adieux, señor, et permettez-nous de nous retirer sans plus de retard.

— Que votre volonté soit faite, señores, répondit poliment le Mayor ; partez, puisque vous le voulez absolument, et que Dieu vous conduise.

— Adieu, señor.

— C’est au revoir que vous voulez dire, reprit le Mayor