Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/15

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quitter Urès pour revenir ici, vous recompléterez votre escorte, c’est-à-dire que vous l’augmenterez de trente-six hommes, moitié chasseurs d’Afrique et moitié chasseurs à pied ; m’avez-vous compris, père ?

— Certes, ces trente-six hommes passeront ainsi inaperçus et renforceront la garnison de l’hacienda.

— Ce qui nous donnera le chiffre respectable de cent dix soldats résolus de plus ; nous atteindrons donc facilement le chiffre de six cent quarante ou six cent cinquante hommes pour la défense de l’hacienda ; ces six cent cinquante hommes seront établis, un tiers dans l’hacienda, un second tiers dans le parc et la huerta, et le reste dans la Rancheria.

— Avec des forces aussi considérables, nous n’avons plus rien à redouter ! s’écria l’haciendero.

— Pardon, ce n’est pas tout, senor don Cristoval, nous voulons écraser définitivement ces bandits, n’est-ce pas ?

— Certes.

— Alors, il ne faut rien laisser au hasard ; demain, Charbonneau, Bernardo et moi, nous quitterons l’hacienda.

— Mais !… s’écria l’haciendero.

— Comment !… dit le docteur.

— Très bien ! dit le mayordomo ; je comprends.

Julian sourit.

— Laissez-moi m’expliquer, reprit le chasseur. Nous quitterons l’hacienda, et voici pourquoi : Nous comptons de nombreux amis dans la savane parmi les trappeurs, les chasseurs et les coureurs des bois, blancs et brûlés canadiens ; tous, j’en suis convaincu, ne demanderont pas mieux que de se mettre à notre disposition pour nous rendre service. Nous en réunirons le plus possible, et, comme l’époque des grandes chasses approche, nous les dirigerons isolement de ce côté à un rendez-vous général ; nous les embusquerons dans une position sûre, et, le moment d’agir venu, c’est-à-dire quand le Mayor tentera l’assaut général, nous l’attaquerons par derrière, nous