Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/156

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tions des chasseurs ; je lèverais mon camp cette nuit ; je rétrograderais en apparence, et quand j’aurais dépisté mes ennemis par un long détour, je marcherais sur l’hacienda, que j’attaquerais à l’improviste au moment même où on me croirait le plus éloigné.

— Eh bien ! réjouis-toi, cher ami. Sauf quelques modifications que je me réserve d’y apporter, je trouve ton plan excellent, et je le suivrai. Seulement, ajouta-t-il avec un sourire sardonique, je m’arrangerai de façon à n’arriver à l’hacienda que le jour du mariage. Je tiens à danser à la noce de ton ancienne fiancée.

— Bravo ! voilà qui est parler ! s’écria Felitz Oyandi avec joie. Malgré tout, nous réussirons.

— Quant à moi, j’en suis sûr, fit le Mayor en riant. Mais il faut agir avec la plus grande prudence. Navaja, je compte sur vous.

— Parlez.

— J’ai besoin d’un homme brave et intelligent, comme vous l’êtes, pour battre l’estrade et surveiller nos visiteurs de ce matin.

— Diable ! fit Navaja en fronçant le sourcil, la mission n’est pas des plus commodes…

— Ni des plus faciles, interrompit le Mayor. C’est précisément à cause de cela que je vous choisis de préférence à tout autre.

— Je vous remercie, répondit Navaja du bout des dents.

— Hum ! fit le Mayor, vous ne semblez pas enchanté de cette mission ?

— Je l’avoue ; je me souviens de ce que vous ont dit les Peaux-Rouges avant de quitter le camp.

— Refusez-vous ?

— Je ne puis refuser, Mayor, mon devoir étant de vous obéir ; seulement, je vous avoue que j’aurais préféré que votre choix tombât sur tout autre que sur moi.

— Mon ami, je n’ai confiance en personne comme en vous : en vous préférant, je vous donne une grande marque d’estime.