— Ainsi, tu persistes dans ton erreur ?
— Non, c’est toi qui persistes dans la tienne.
— Soit, qui vivra verra. Je n’ajouterai qu’un mot : Sais-tu le latin ?
— Je l’ai su autrefois. Pourquoi diable me fais-tu cette question ?
— Parce que les Romains avaient un excellent proverbe, que je te recommande de ne pas oublier.
— Quel proverbe ? Ils en avaient beaucoup.
— Celui-ci entre autres : Quos vult perdere Jupiter dementat ; crois-moi, fais-en ton profit.
— Tu ne sais ce que tu dis ; je n’admettrai jamais une telle association panachée de blancs, de sang-mêlés et de rouges.
— À ton aise, compagnon ; l’avenir nous apprendra qui de nous a tort ou raison.
— Ainsi, tu as l’intention de renoncer à notre expédition contre la Florida ? dit le Mayor.
— Nullement, j’y tiens au contraire plus que jamais.
— Alors, comment arranges-tu cela ? Si tu dis vrai, en tentant notre expédition, d’après ce que tu as dit, nous serons pris entre deux feux, et inévitablement écrasés ; n’est-ce pas cela ?
— Oui, ce sont bien mes paroles, et je les crois justes ; mais où la force manque, il reste la ruse.
— Ah ! je te reconnais bien là, toujours tes allures serpentines.
— Ne médis pas des serpents, ils sont prudents et rusés ; l’adresse vaut toujours mieux, crois-moi, que la force.
— Je ne sais trop ; mais voyons, que ferais-tu à ma place ?
— Oh ! je ne suis pas un chef habile comme tu l’es, toi ; mais cependant je crois que je réussirais à me tirer d’affaire sans abandonner un seul de mes projets.
— Sois tranquille ; je t’ai donné ma parole, et je la tiendrai coûte que coûte.
— À la bonne heure. Je feindrais d’obéir aux injonc-