Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/161

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vane et s’était engagé sous le couvert d’une forêt vierge.

Il n’avait pas ralenti son pas et continuait à galoper avec la même ardeur.

Tout à coup une voix rude se fit entendre criant d’un ton de menace :

— Qui vive !

— Ami ! répondit aussitôt l’aventurier en arrêtant son cheval.

— Quel ami ? reprit la voix.

— Coureur des bois en quête d’un abri contre l’orage.

— Êtes-vous seul ?

— Tout seul avec mon cheval, répondit Navaja.

— Alors, avancez sans crainte et soyez le bien venu.

L’aventurier ne se fit pas répéter deux fois l’invitation.

Il avança résolument.

Deux ou trois minutes plus tard, le cheval s’arrêta.

Tout fut alors expliqué à l’aventurier ; le feu vers lequel son cheval l’avait guidé était allumé non pas dans une hutte, mais bien dans l’intérieur creux d’un énorme mahogany géant, dont l’écorce seule demeurait encore intacte.

Ce creux fait par les ans dans l’intérieur de l’arbre formait une cavité assez grande pour contenir au moins quinze personnes.

Un seul homme l’habitait en ce moment.

Sur l’invitation du propriétaire de cette singulière demeure, l’aventurier mit pied à terre, fit entrer son cheval dans la cavité, puis il le dessella, le bouchonna avec soin, et lui donna la provende ; ce devoir accompli, il prit ses alforjas gonflés de provisions et alla s’installer auprès du feu, en face de son hôte qui, après les quelques mots échangés avec l’aventurier, avait été se rasseoir devant le feu, et avait semblé ne plus s’intéresser à l’homme avec lequel il partageait sa demeure.

Navaja, trop préoccupé pour faire attention à son hôte, et qui l’avait jusque-là à peine regardé, se mit à l’examiner curieusement.

Puis, tout à coup, il fit un mouvement de surprise pres-