Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/163

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— J’ignorais quand je vous ai reconnu dans quelles intentions vous veniez.

— Je n’en avais pas d’autres que de me garantir de l’orage. Vous avez eu tort de vous défier de moi ; je ne veux en aucune façon vous faire du mal. Tout est prêt ; mangez et buvez sans crainte, et surtout sans arrière-pensée, vous êtes avec un ami.

— Je le vois maintenant. Merci, j’accepte.

Le repas commença aussitôt et sans plus de préambules.

Il fut homérique.

Nous ne le décrirons pas.

Il suffit de constater que ce que mangèrent et burent les deux hommes fut véritablement prodigieux.

Cependant, malgré sa longue abstinence, ce ne fut pas Sebastian qui fit le plus honneur à ce festin de Gargantua.

Après avoir bu un dernier coup d’eau-de-vie de France, les deux hommes allumèrent leurs pipes ; et Navaja, après s’être commodément installé, pria son compagnon et ancien ami de lui raconter ce qui lui était arrivé depuis qu’ils s’étaient séparés, demande à laquelle Sebastian acquiesça de la façon la plus charmante.

Au dehors, l’ouragan déchaîné faisait rage.

Sebastian se leva, remit du bois au feu, puis il reprit sa place, et entama son récit, que Navaja écouta avec la plus sérieuse attention, mais dont nous passerons la première partie sous silence, car nous l’avons déjà précédemment racontée au lecteur.

Lorsque Sebastian arriva à la scène de la clairière et aux assises du juge Lynch, Navaja l’interrompit brusquement en lui disant :

— Passez tout cela, compagnon, et venez tout de suite à la façon dont vous avez réussi à échapper à la mort.

— Pourquoi donc ? demanda Sebastian avec étonnement, ce passage est peut-être le plus intéressant de tout ce j’ai à vous raconter.