Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/183

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fenêtres ouvraient sur la cour d’honneur, Julian s’approcha du général et lui dit en souriant :

— Je ne sais véritablement comment vous remercier, général, de l’honneur que vous m’avez fait, en daignant venir ici et me servir de témoin pour mon mariage. Pourtant, je crois presque m’acquitter envers vous de tant de bienveillance, en vous priant d’accepter un cadeau que je désire vous offrir.

— Un cadeau ! fit le général en fronçant le sourcil et ne sachant s’il devait rire ou se fâcher de cette singulière proposition, faite ainsi pour ainsi dire à brûle pourpoint.

— Veuillez, je vous prie, général, m’accorder un instant d’attention, reprit Julian avec une courtoisie extrême, et ce qui, à bon droit, vous semble extraordinaire dans mes paroles vous sera expliqué.

— Soit, monsieur, parlez, je vous écoute, répondit un peu sèchement le général ; seulement, soyez bref, je vous prie, le temps me presse.

Et il se laissa tomber plutôt qu’il ne s’assit dans un fauteuil, en invitant d’un geste les personnes présentes à prendre des sièges, ce qu’elles firent aussitôt.

— Vous souvenez-vous, général, reprit Julian sans paraître remarquer l’impatience de l’officier supérieur, qu’en arrivant au bas du perron, après notre sortie de l’église, je vous priai, sans vous donner aucune explication, de prendre à ma place le bras de madame d’Hérigoyen ?

— En effet, monsieur, et vous nous avez quittés aussitôt ; j’ai même, je vous l’avoue, été fort étonné de cette espèce de fuite, que rien ne semblait motiver, au contraire.

— En voici la raison, général, répondit le chasseur. J’avais cru reconnaître, caché dans la foule pressée autour de nous, un bandit vainement recherche depuis plusieurs mois par la police française, et dont la présence ici me semblait très inquiétante pour la sécurité des personnes réunies en ce moment dans l’hacienda de la Florida ; cela d’autant plus que ce misérable me fait l’hon-