Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/187

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Dans la cour d’honneur, Julian retrouva Charbonneau, avec lequel il échangea quelques mots à voix basse, en lui remettant le billet saisi sur Felitz Oyandi.

Le général prit congé une dernière fois de ses hôtes.

Puis il se mit en selle et quitta l’hacienda.

Bientôt le général et son escorte disparurent dans un tourbillon de poussière soulevé par les chevaux.

Le marié et ses amis rentrèrent dans l’habitation.

— C’est encore à vous, cette fois, que je devrai mon salut et celui de ma famille, mon ami, dit don Cristoval de Cardenas avec une profonde émotion ; comment pourrai-je jamais…

— Allons donc ! interrompit Julian avec un rire joyeux ; vous vous trompez, mon ami ; je n’agis que poussé par un hideux égoïsme, voilà tout : je ne défends que ma femme, ma bien-aimée Denizà. Je vous sauve par la même occasion, tant mieux ! j’en suis ravi, mais je n’y suis pour rien. Un mot, s’il vous plaît, avant de rejoindre nos amis.

— Parlez, mon cher don Julian ; je suis à vos ordres pour tout ce qui vous plaira, malgré ce hideux égoïsme dont vous faites si plaisamment parade.

— Il est bien entendu, n’est-ce pas, que je suis toujours le commandant en chef de l’hacienda et que je me charge de tout ?

— Eh ! quoi, vous voulez un jour comme celui-ci, vous…

— C’est précisément pour cela, señor don Cristoval, que j’insiste si fort : donc, laissez-moi faire, je vous prie, interrompit Julian.

— Oh ! puisque vous y tenez tant, je ne demande pas mieux, mon ami ; d’ailleurs, c’est vous, en résumé, qui avez tout préparé et organisé ; vous savez donc mieux que moi ce qu’il convient de faire.

— Bientôt, cher don Cristoval, vous reconnaîtrez que vous avez eu raison de me donner carte blanche.

— Mais dites-moi au moins…

— Pas un mot ; tenez-vous en joie : surtout ne laissez