Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/198

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nouvelle attaque ; la partie était définitivement perdue pour eux.

Il ne s’agissait plus que d’opérer la retraite en bon ordre, autant que possible.

Ce fut alors qu’ils reconnurent avec désespoir que cette dernière chance leur était enlevée.

Le Mayor avait perdu plus de cent cinquante hommes dans ses diverses attaques, c’est-à-dire la moitié des hommes dont il disposait au moment d’assaillir l’hacienda.

Les bandits avaient abandonné leurs chevaux pour combattre plus commodément contre les défenseurs du parc.

Seul le Mayor était resté en selle.

Tous les aventuriers se groupèrent en cercle autour de lui.

Celui-ci, de la place qu’il avait choisie, dominait tout le champ de bataille.

Sur l’ordre de leur chef, les bandits faisant face de tous les côtés à la fois, s’avancèrent épaules contre épaules, faisant un feu terrible et continu contre leurs ennemis, essayant, avec la suprême énergie du désespoir, de faire une trouée et de s’ouvrir un sanglant passage à travers les rangs pressés des coureurs des bois et des chasseurs à pied.

Mais chaque pas leur coûtait un homme ; et la ligne de feu dans laquelle ils étaient enfermés se rétrécissait sans cesse autour d’eux.

Soudain les Comanches se ruèrent avec une force irrésistible contre cette poignée de misérables, rompirent leurs rangs et les coupèrent littéralement en deux.

Alors ce fut le dernier coup, l’agonie terrible de la troupe du Mayor.

Ce ne fut plus un combat, mais une boucherie atroce, sans pitié, sans merci, où le terrible sabre-baïonnette des chasseurs à pied, si redouté des Mexicains, joua son rôle implacable.