Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/199

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Des cris de rage, d’agonie, de désespoir s’élevaient de toutes parts.

Mais les aventuriers ne demandaient point quartier, ils savaient qu’ils ne l’obtiendraient pas des coureurs des bois ni des Comanches.

Les bandits, certains de succomber dans cette lutte inégale, combattaient avec cette rage froide et désespérée d’hommes qui ont fait bravement le sacrifice de leur vie, mais qui pour cela ne s’abandonnent pas et, au contraire, résistent vaillamment jusqu’à la dernière goutte de leur sang, déterminés à vendre le plus cher possible la victoire à leurs vainqueurs.

Les combattants se ruaient les uns contre les autres, ils se prenaient corps à corps, poitrine contre poitrine, pieds contre pieds, se perçant à coups de baïonnette, de machette, de couteaux ; car toutes les armes étaient bonnes pour tuer.

Ceux qui tombaient se relevaient sur les genoux pour frapper un dernier coup et ne pas succomber sans vengeance.

C’était une effroyable tuerie, silencieuse et d’autant plus terrible.

Les rangs des aventuriers se resserraient de plus en plus.

Leur cercle se rétrécissait ; ils n’étaient plus qu’une poignée d’hommes effarés, sanglants, n’ayant plus figure humaine.

Ils continuaient à se défendre. Il ne restait plus en eux que l’instinct féroce de la brute aux abois.

Ils ne voyaient plus, ils n’entendaient plus ; mais ils résistaient avec une rage toujours croissante, tressaillant d’une joie horrible, et riant d’un rire de démons quand ils sentaient leurs couteaux s’enfoncer dans la chair vive.

Cette sombre et épouvantable lutte se continua ainsi tant qu’un bandit demeura debout.

Cela dura pendant plus de trois quarts d’heure.