Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/200

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Si l’attaque avait été vive et foudroyante, la résistance avait été désespérée.

Tout à coup il se fit un grand silence.

Tous les bandits étaient morts !

Pas un seul n’avait survécu à cette boucherie sans nom.

Pas un n’avait essayé de fuir.

Les pertes étaient grandes du côté des défenseurs de l’hacienda, soixante-dix d’entre eux étaient morts, cent trente étaient plus ou moins grièvement blessés.

C’était avoir acheté la victoire bien cher !

Mais la fameuse cuadrilla du Mayor, si longtemps la terreur des savanes, était à jamais détruite.

Lui-même, pendant les dernières minutes de cette lutte véritablement homérique, était tombé de cheval, et avait roulé sur le sol, où il gisait enseveli sous les cadavres de ses compagnons.

Du côté de la Rancheria, les choses s’étaient passées à peu près de la même manière.

Seulement, à la seconde attaque contre les retranchements, le chef des aventuriers, Najava, cédant à son ardeur, s’était laissé emporter trop loin des siens et avait été enveloppé et fait prisonnier par les vaqueros.

Cette prise de Navaja, destinée à cacher sa défection et convenue à l’avance avec Julian, avait été exécutée avec une rare habileté par l’aventurier.

Aussitôt qu’il avait été en sûreté dans la Rancheria, on lui avait, d’après l’ordre donné par Julian, rendu la liberté et ses armes.

Navaja avait alors mis pied à terre, avait attaché son cheval à un piquet, s’était assis sur un banc, avait allumé une cigarette et était resté spectateur paisible et très satisfait de la bataille.

Cependant les aventuriers, à demi démoralisés par la perte de leur chef, ne combattaient plus qu’avec une certaine mollesse, n’ayant plus avec eux celui qui seul pouvait les diriger sûrement d’après les instructions que sans doute il avait reçues du Mayor.

Au moment où les aventuriers les plus influents délibé-