— Rien de plus facile, monsieur ; ce nom est donc le vôtre, maintenant ?
— Pas à présent, mais dans une heure, répondit-il en souriant.
— C’est juste, dit Julian en souriant lui aussi ; les chèques ?
— Les voici.
Julian écrivit quelques mots, les mit sous enveloppe, ainsi que les chèques, cacheta le tout et frappa sur un timbre.
Un peon parut aussitôt.
— À don Cristoval tout de suite, vous attendrez la réponse, dit Julian au peon en lui donnant le paquet ; et s’adressant à Navaja, dans un instant ce sera fait, ajouta-t-il.
— Un dernier mot, monsieur, répondit l’aventurier en s’inclinant ; j’ignore vos intentions, je ne désire pas les connaître ; mais, à mon avis, il est probable que bientôt vous quitterez ce pays et retournerez en France ; si quelque jour, monsieur, après votre retour à Paris, vous aviez besoin d’un homme sûr, et qui vous fût tout dévoué, n’importe pour quoi, souvenez-vous, monsieur, que William Fillmore, de New-York, se tiendra tous les jours, de quatre à cinq heures du soir, au Palais-Royal, au café de la Rotonde, à votre disposition. Nul ne peut prévoir l’avenir et un homme dévoué peut parfois être utile.
— C’est vrai, monsieur, je vous remercie ; si je retourne en France, ce qui est possible, je n’oublierai ni ce nom, ni ce rendez-vous permanent.
— Je ne sais vraiment comment vous remercier, monsieur ?
— C’est moi, au contraire, qui vous dois des remerciements. Qui sait si, plus tard, je ne mettrai pas vos services à contribution ?
— Ce jour-là, monsieur, vous me rendrez bien heureux, je vous le jure !
En ce moment, le peon rentra, remit un paquet à Julian et sortit.