Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/210

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— Quatre mille onces ! Ah ! monsieur, c’est beaucoup trop ! s’écria l’aventurier avec émotion.

— Non, monsieur, c’est juste, répondit Julian en souriant.

— Mais une somme aussi considérable…

— Serait-elle décuplée, ne le gênerait en rien, monsieur. Don Cristoval est riche comme une mine d’or ; il serait, je crois, fort embarrassé de dire le chiffre exact de sa fortune, car lui-même l’ignore.

— Puisqu’il en est ainsi, monsieur, j’accepte.

— À la bonne heure ! voici un second chèque, dans les mêmes conditions que le premier ; la maison Scrub and C° est prévenue, elle vous recevra fort bien, et se mettra à votre disposition pour tout ce que vous désirerez. Il y a précisément plusieurs bâtiments de commerce anglais mouillés en ce moment à Guaymas.

— J’espère m’embarquer sur l’un d’eux, de préférence aux bâtiments français.

— Vous aurez raison ; en Angleterre, vous réussirez facilement a vous refaire un état civil inattaquable.

— Oh ! mes précautions à ce sujet sont prises depuis longtemps, monsieur ; je me suis fait naturaliser citoyen américain depuis trois ou quatre ans déjà ; tous mes papiers sont en règle, je ne crains rien.

— Je vous en félicite, monsieur ; maintenant si je puis vous être agréable en quoi que ce soit, disposez de moi, je vous en prie.

— Je vous remercie, monsieur ; une heure après avoir quitté l’hacienda, j’aurai complètement dépouillé l’aventurier, il ne restera plus que le yankee pur sang.

— Allons, je vois que vous êtes un homme de ressources ; du reste, je vous avais deviné au premier coup d’œil.

— Monsieur, me permettrez-vous un mot encore ?

— Parlez, monsieur.

— Je désirerais que ces chèques fussent mis au nom de William Fillmore, c’est sous ce nom que je désire me présenter a la maison Scrub and C°.