Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/235

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Ce n’était pas deux cent mille, mais six cent soixante-quinze mille piastres qu’ils avaient déposées dans la maison Scrub and C°, ainsi que leur prouva l’intègre banquier, en moins de cinq minutes.

Du reste, cette formidable erreur n’avait rien que de très naturel de la part des chasseurs.

Chaque fois qu’ils possédaient une somme assez ronde, ils l’expédiaient, sans même en prendre note, à leur banquier, puis ils n’y pensaient plus.

Et cela durait depuis près de treize ans, sans que jamais la pensée leur fût venue, non pas de régler, mais seulement de s’informer du montant des sommes versées par eux.

Lorsque Julian eut chaleureusement remercié le banquier, ce qui étonna fort celui-ci, et serré la précieuse traite dans son portefeuille, il demanda à Master Scrub, si master William Fillmore s’était présenté chez lui pour toucher le montant de deux chèques signés par don Cristoval de Cardenas.

— Ahô ! répondit le banquier, ce gentleman s’est présenté, il y a cinq semaines déjà ; il a pris des traites sur Londres et Liverpool. Qu’on m’apporte pour dix millions de livres de chèques signés par don Cristoval de Cardenas, je les payerai à bureaux ouverts ; c’est de l’or en barre.

— Il est donc bien riche ? dit Julian en riant.

— Don Cristoval de Cardenas ! Je ne connais pas sa fortune, et peut-être lui-même n’en sait-il pas le chiffre ; mais je puis affirmer que les fortunes réunies des trois Rothschild de Paris, Vienne et Londres, ne sont qu’une goutte d’eau, comparée à celle de don Cristoval de Cardenas. C’est par milliards qu’il faut compter avec lui.

— Oh ! oh ! fit gaiement Julian ; certes, je le croyais très riche, mais j’étais loin de m’attendre à des chiffres aussi formidables.

— Bah ! fit en riant le banquier ; don Cristoval achèterait tout le Mexique, si la fantaisie lui en venait.

— Mais, pardon, cher master Scrub, un mot encore,