Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/238

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suadé que personne ne penserait à le chercher à Hermosillo, ce chef avait eu l’audace de s’y faire transporter. Mais, paraît-il, l’air d’Hermosillo n’étant pas bon, pour lui, il allait incessamment se rendre à Sonora, où il achèverait sa convalescence.

— Et puis ?

— Plus rien. Deux jours plus tard, Joan disparut subitement, et, malgré toutes les recherches faites par ses amis pour le retrouver, on n’entendit plus parler de lui.

— Il sera parti pour Sonora.

— C’est probable.

— Si ce chef blessé était le Mayor ?

— J’y ai pensé ; mais quelle apparence ? Le Mayor n’a-t-il pas été tué ?

— Je l’ai cru ; mais maintenant, je ne sais pourquoi, un doute m’est venu sur cette mort. Ce doute s’est pour moi changé en certitude il y a déjà longtemps, et cela à tel point que, connaissant l’audace furieuse de cet homme et la haine qu’il porte à certaines personnes que j’aime, je vous ai engagé à prendre de grandes précautions.

— Ah ! ah ! fit le capitaine en se frottant les mains, je ne le crois pas capable de s’attaquer à nous, il serait trop certain de ne pas réussir.

— Peut-être ; on doit s’attendre à tout de la part d’un scélérat de cette trempe, et se tenir constamment sur ses gardes.

— Je veillerai, monsieur ; rapportez-vous-en à moi pour cela. Il sera bien fin s’il réussit à me tromper.

— Vous voilà averti, cela vous regarde.

— J’en fais mon affaire. Quand partons-nous ?

— Je compte rester ici encore quelques jours ; mais puisque vous êtes venu, vous emporterez tous nos bagages, la charge de cinq ou six mules tout au plus. Mes amis et moi nous ne conserverons que quelques vêtements faciles à renfermer dans les valises, de façon à partir dès que nous arriverons à Guaymas, c’est-à-dire dans l’espace de deux heures.

— Un quart d’heure après votre embarquement, la Belle-