Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/241

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Julian poussa un profond soupir en quittant pour jamais le pays où il avait tant souffert, et qui, cependant, lui laissait d’ineffaçables souvenirs de bonheur.

Le temps était magnifique ; le vent continuait à être favorable, tout présageait une bonne traversée.

Le capitaine Éd. Petit avait réglé militairement le service de l’équipage ; il maintenait la discipline la plus sévère à son bord.

Grâce au nombre considérable des matelots, toutes les manœuvres étaient exécutées avec cette rapidité et cette précision qui ne se rencontre ordinairement que sur les bâtiments de l’État.

Les dames se réunissaient chaque jour dans le salon commun, sur lequel débouchaient les chambres à coucher de leur appartement réservé.

Elles avaient de longues causeries, et s’occupaient ensemble de l’éducation de Vanda, qui, par sa gentillesse, se faisait adorer de ses charmantes institutrices.

Le soir, on se réunissait sur le pont jusqu’à une heure assez avancée de la nuit, jouissant avec délices du charme indescriptible de ces magnifiques nuits tropicales.

La vie avait été ainsi réglée et s’écoulait douce et reposée et sans ennuis ni lassitudes d’aucune sorte pour les heureux passagers de la Belle-Adèle.

Bernardo admirait Mariette ; il ne comprenait rien à ce qui se passait en lui et au changement étrange qui s’était opéré dans ses idées jusqu’alors si calmes, depuis que, pour la première fois, il avait vu la jeune fille.

De son côté, celle-ci était secrètement satisfaite des attentions de l’ancien coureur des bois, et elle les recevait avec plaisir.

Rien n’est favorable à l’amour comme une longue traversée faite avec la femme que l’on aime.

Denizà et la comtesse de Valenfleurs voyaient avec un véritable plaisir cette attraction magnétique des deux jeunes gens l’un vers l’autre.

Denizà surtout, qui aimait Mariette comme une sœur et suivait sans en laisser rien paraître, avec une sympa-