Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/240

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Charbonneau se chargea de vendre les chevaux et les mules, mais livrables seulement à Guaymas, négociation assez difficile, à cause du peu de temps dont il disposait, mais dont il se tira à son honneur.

Seuls, les trois guerriers comanches furent congédiés.

Qu’auraient-ils fait à la Louisiane ?

Tehera s’était attaché à Bernardo, dont la gaieté inaltérable et la loyauté l’avaient séduit.

— Viens avec moi, lui dit le chasseur en lui tendant la main : je ne suis pas riche, mais j’aurai toujours assez pour toi et pour moi.

L’Indien hocha négativement la tête.

— Mon frère pâle aime les atepelts en pierre de sa nation : c’est bien ; Tahera l’approuve, il aime son ami le chasseur. Mais Tehera est un fils du désert ; il lui faut l’air, l’espace et les dômes de verdure de ses forêts natales, il mourrait dans un calli en pierre. Tahera se souviendra toujours de son frère pâle ; mais il doit retourner dans la savane et rejoindre sa tribu ; que la Main-de-Fer soit heureux, ainsi que tous mes autres amis pâles ! Les Comanches sont comme les petits de la vigogne : quand on les enlève et qu’on les transporte dans les habitations des blancs, ils meurent, parce qu’ils ont perdu leur liberté. Adieu !

Il tendit la main à tous ses amis, se mit en selle, fit un dernier geste de la main, et il partit au galop sans retourner la tête ; bientôt il disparut.

Ses deux compagnons avaient depuis un instant pris les devants.

Le lendemain, les voyageurs firent leur dernière étape.

Dix minutes après leur arrivée à Guaymas, ils montèrent à bord de la Belle-Adèle.

Un quart d’heure plus tard, ainsi que le capitaine l’avais promis, le navire était sous voiles et s’élevait en haute mer.

Un peu avant le coucher du soleil, les côtes du Mexique avaient disparu.