Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/257

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amour pour la charmante Mariette, dont il se proposait, maintenant qu’il était riche, de demander la main à la première occasion.

Le débarquement commença.

Les bagages étaient considérables.

Il fallut près de deux jours pour tout mettre à terre.

Les caisses, au nombre de vingt-huit, offertes si généreusement par don Cristoval de Cardenas, furent débarquées, et il fut enfin possible de s’assurer de la valeur de ce présent véritablement magnifique.

Mais la réalité dépassa de bien loin les prévisions les plus exagérées des deux époux, et surtout de Bernardo.

Un expert fut appelé par Julian et chargé par lui de constater la valeur du contenu des trente caisses.

L’expert se mit aussitôt à l’œuvre, et, après deux heures d’un examen minutieux, il annonça à Julian que les cinquante-six lingots — car chaque caisse en contenait deux — représentaient, en or le plus fin, la somme presque fabuleuse de trente-huit millions de francs, plutôt plus que moins.

Jamais l’expert n’avait eu devant les yeux une fortune si énorme.

C’était à peine si cela ne lui semblait pas un conte de fée, malgré toutes les histoires que depuis vingt ans il avait entendu raconter sur les placeres californiens.

Généreusement récompensé par Julian, le digne homme salua jusqu’à terre et se hâta de se rendre à la Bourse, pour annoncer à toutes ses connaissances la prodigieuse expertise qu’il avait été appelé à faire, et répandre la nouvelle de l’arrivée en France du nouveau nabab.

Douze de ces lingots appartenaient à Bernardo.

Quelle était donc la valeur de ce mystérieux trésor des Incas, dont cette modeste fortune, selon l’expression de don Cristoval, ne représentait qu’une mince et très minime parcelle !

Loin de se laisser éblouir par cet océan d’or, Julian en fut effrayé.