Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/258

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S’il eût été seul et maître d’agir à sa guise, il l’aurait refusé, tant il éprouvait l’embarras de ces richesses, si peu en rapport avec ses goûts simples et modérés.

Julian, qui avait voulu jusqu’au dernier moment rester à bord de la Belle-Adèle, fit appeler le capitaine, et, après lui avoir remis une somme assez considérable pour l’équipage et avoir généreusement soldé ce qu’il lui devait, il fréta de nouveau son navire.

La Belle-Adèle devait repartir pour se rendre directement à Guaymas.

Arrivé là, le capitaine irait à la Florida, et présenterait à don Cristoval de Cardenas lui-même, une lettre qu’il écrivit séance tenante.

Pendant que le capitaine ferait ses préparatifs de départ, Julian lui adresserait de Paris quelques cadeaux qu’il destinait à l’haciendero.

Puis, après avoir soldé d’avance ce nouveau fret, Julian fit accepter au capitaine une gratification de cinquante mille francs, lui assurant que par son dévouement et ses délicates attentions pour sa femme, il avait amplement gagné cette magnifique récompense.

Le capitaine se laissa facilement convaincre et accepta avec reconnaissance le chèque que Julian lui remit.

Le brave capitaine faillit perdre la tête tant il était joyeux.

Depuis quinze ans qu’il naviguait, jamais il n’avait eu affaire à un passager aussi généreux et aussi riche.

Lorsque les passagers quittèrent enfin le navire, l’équipage prit congé d’eux par des acclamations véritablement enthousiastes.

Julian avait fait former un train exprès pour lui, sa femme, Bernardo et Tahera.

Le guerrier comanche ouvrait des yeux énormes à tout ce qu’il voyait, mais il ne disait rien, sa joie et son admiration étaient tout intérieures.

Les voyageurs se rendirent directement du navire à la gare du chemin de fer.

Six heures plus tard, ils étaient à Paris.