Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/287

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être, soit un cabinet d’homme d’affaires, d’avocat ou même d’avoué, de notaire ou d’huissier.

Dans tous les cas, l’ameublement était mesquin.

Sur un fauteuil à fond de cuir vert était assis un homme de haute taille, dont les traits étaient presque repoussants, sans doute à cause de blessures, car son visage était tout couturé.

Il portait des conserves couleur fumée de Londres garnies de taffetas, qui lui cachaient au moins la moitié de la figure, dont le bas disparaissait sous une barbe touffue, de sorte que ce que l’on voyait était fort peu de chose.

La manche gauche de la robe de chambre de cet homme, en faux damas de coton, était vide à partir du coude, il lui manquait un bras ; sa tête, aux cheveux grisonnants et très rares aux tempes, était couverte d’un bonnet de soie noire crasseux.

En somme, c’était un fort laid et fort peu sympathique personnage.

En apercevant cette espèce de monstre, le Loupeur avait soudain tressailli ; mais ce mouvement involontaire avait été si vivement réprimé, que ce sinistre individu ne l’avait pas remarqué, malgré la fixité soupçonneuse avec laquelle, à la dérobée, il examinait son visiteur.

— Vous ne m’en voulez point, n’est-ce pas, cher monsieur le Loupeur ? reprit cet homme d’un ton papelard ; nous avons à nous entretenir de choses de la plus haute importance. Vous avez désiré que cet entretien eût lieu chez moi ; j’ai cru devoir prendre certaines précautions, qui n’ont rien d’offensant pour vous, au cas peu probable où nous ne réussirions pas à nous entendre.

— Pourquoi vous en voudrais-je, monsieur ! J’ai accepté vos conditions, je m’y suis soumis, tout cela est très simple, il me semble. Le premier tort, si tort il y a, vient de moi, à cause de la demande que je vous ai adressée : donc, vous n’avez aucune excuses à me faire.

— Je vous avoue que cela me, tourmentait, dit-il avec