Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/286

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La civière avait été légèrement posée à terre.

On l’enleva et on le plaça sur une chaise.

Puis une porte se referma, et il n’entendit plus rien.

Il calcula que ce voyage à l’aveuglette avait dû se prolonger pendant au moins une heure.

En cela il se trompait. L’impatience lui avait fait paraître le temps beaucoup plus long qu’il n’avait duré en réalité.

Cet étrange voyage s’était accompli en moins de vingt-cinq minutes.

En ce moment, une voix nouvelle dit tout près de lui du ton le plus amical :

— Mon cher Loupeur, vous êtes arrivé, veuillez, je vous prie, me pardonner ces précautions que, je l’espère, je n’aurai plus besoin, à l’avenir, de prendre avec vous ; débarrassez-vous au plus vite de ce capuchon qui vous donne un faux air de pénitent noir.

Le Loupeur ne se fit pas répéter cette invitation.

Il porta vivement les mains à son cou, afin de dénouer le capuchon, mais il s’aperçut que les liens avaient été détachés ; il se hâta d’enlever le sac avec un soupir de soulagement.

Son premier mouvement, bien naturel, du reste, fut de regarder curieusement autour de lui.

La pièce dans laquelle il avait été si singulièrement transporté était assez petite : meublée de quelques chaises, d’un canapé de crin, d’un bureau en bois noir chargé de papiers et de cartonniers montant jusqu’au plafond et faisant tout le tour de la pièce ; une cheminée où brûlait un bon feu et sur laquelle était une pendule d’albâtre, à colonnes, flanquée de deux vases remplis de fleurs artificielles. La pendule était arrêtée à six heures. Ce qui fit imperceptiblement sourire le Loupeur.

Cette pièce n’avait qu’une seule fenêtre, dont les rideaux de serge verte étaient en ce moment fermés.

Une lampe à modérateur, garnie d’un abat-jour vert en papier, éclairait cette pièce, qui pouvait tout aussi bien