Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/303

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Il dit à Fil-en-Quatre en lui montrant d’un geste la boutique du marchand de vins :

— Un homme va sortir dans un instant de cette boutique ; c’est un misérable traître ; il s’est faufilé parmi nous pour nous vendre ; il appartient à la police, j’en ai la preuve en mains ; suivez-le, voici un couteau. Dès que vous serez dans un endroit désert, et il n’en manque pas dans ce quartier, vous lui ferez son affaire ; il faut qu’il meure ; vous nous aurez ainsi, en le tuant, rendu un service signalé : voici pour vous récompenser de la peine que vous allez prendre.

Et toujours fidèle à ses principes d’économie, ou plutôt d’avarice, il avait, en même temps que le couteau, glissé deux billets de cinquante francs dans la main que lui tendait Fil-en-Quatre.

Celui-ci avait empoché les billets sans même les regarder.

Fil-en-Quatre ne s’occupa pas un seul instant des secrets auxquels Felitz Oyandi faisait allusion, secrets qu’il ignorait et dont il ne se souciait guère ; il ne vit dans tout cela que les deux billets de banque qu’il avait reçus et qu’il supposait plus considérables.

D’ailleurs il avait bien des fois joué du couteau pour des sommes plus qu’insignifiantes.

Il sauta de joie, et partit bien résolu à tuer l’homme qu’on lui désignait.

Il s’était embusqué pour le laisser passer devant lui.

Dès que le Loupeur s’était mis en route, il s’était lancé à sa poursuite, et l’avait ainsi suivi à la piste jusqu’au pont d’Iena.

On sait le reste.

— C’est égal ! s’écria-t-il en terminant son récit, il peut joliment se fouiller, s’il croit que je lui rendrais son carme ; avec ça ! il s’en ferait mourir !

— Combien t’a-t-il donné ?

— Je ne sais pas. Attends voir.

Il sortit les billets de sa poche et les montra au Loupeur, en passant près d’un bec de gaz.