Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/308

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sauras bientôt pourquoi, ajouta-t-elle d’un petit air mystérieux qui donna beaucoup à penser à Mariette.

La jeune fille avait rougi comme une cerise à cette réponse énigmatique, dont peut-être elle entrevoyait vaguement à demi le sens.

Elle avait baissé les yeux et n’avait pas insisté pour obtenir une explication.

En effet, il se passait quelque chose qui intéressait vivement la jeune fille, sans qu’elle en dit rien, quoi qu’elle y revât beaucoup.

Depuis son retour en France, notre ami Bernardo Zumeta était, au moral seulement, bien entendu, si prodigieusement changé qu’il n’était plus reconnaissable.

Lui jadis si gai, si insouciant, depuis son départ de Guaymas, il était devenu triste, morose, préoccupé, distrait ; il avait même perdu l’appétit : symptôme très grave chez lui et très inquiétant surtout dans une organisation comme la sienne, que rien ne pouvait émouvoir.

Aussi cela alarmait-il beaucoup ses amis.

À toutes les questions que Denizà ou Julian se hasardaient à lui adresser, il répondait tristement qu’il n’avait rien, ou bien il secouait mélancoliquement la tête, sortait brusquement de l’appartement et s’enfonçait dans le parc où il restait des heures entières à rêver, en errant de ci et de là à l’aventure, la tête basse et les bras croisés derrière le dos.

Julian aimait trop profondément Bernardo pour ne pas avoir pénétré le secret que son ami s’obstinait à cacher au fond de son cœur.

Il raconta tout à Denizà ; il fut alors convenu entre eux qu’ils prendraient toutes les mesures nécessaires pour guérir le plus tôt possible leur ami de son étrange maladie.

Bien que depuis plusieurs mois déjà à Paris, Bernardo que l’on ne nommait plus que M. Bernard, ne s’était en rien occupé de ses effaires.

Tout lui était indifférent.