Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/309

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Heureusement pour lui, et sans lui en rien dire, Julian veillait sur les intérêts qu’il négligeait si complètement.

Il avait pris sur lui de gérer la fortune de son ami, qu’il plaça solidement et mit à l’abri de tout revers possible.

Connaissant les goûts un peu sauvages de l’ancien coureur des bois, il lui avait acheté une maison dans un quartier excentrique, et avait acquis pour son compte une splendide maison de campagne à deux lieues à peine de la sienne.

Bernard ne se doutait de rien de tout cela.

Il vivait avec son rêve, complètement désintéressé de ce qui se passait autour de lui.

Un matin, après une longue conversation avec sa femme, Julian résolut d’en finir.

Sans hésiter davantage, il se mit à la recherche de son ami.

Celui-ci, selon son habitude depuis son changement d’humeur, se promenait mélancoliquement dans la partie la plus épaisse du parc.

En apercevant Julian, il s’arrêta d’un air embarrassé.

— Que fais-tu là ? lui demanda celui-ci.

— Tu le vois, répondit-il, je me promène.

Julian haussa les épaules.

Il savait comment il fallait parler à Bernardo.

— Jolie existence que tu mènes là ! reprit-il brusquement. Tu vis seul en égoïste, et sans plus t’occuper de tes amis que s’ils n’étaient pas de ce monde. Sans parler de Denizà et de moi, qui ne comprenons rien à cette manie ridicule que tu t’es fourrée dans la tête, cette pauvre Mariette se désespère ; elle pleure comme une enfant : elle s’imagine que tu l’as prise en grippe, que c’est ce qui te rend si peu sociable ; elle veut nous quitter.

— Mariette veut nous quitter ! s’écria-t-il avec une vive émotion.

— Dam ! malgré tout ce que nous lui avons dit, elle s’imagine que tu la détestes.

— Moi ! je la déteste ! mais, au contraire, je…