Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/325

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Presque aussitôt un valet de pied souleva la portière et annonça d’une voix vibrante :

— Le señor don Cristoval de Cardenas, la señora don Luisa de Cardenas, doña Mercédès et don Pancho de Cardenas !

— Oh ! s’écria Denizà, en portant la main à son cœur et se levant toute pâlissante, c’est trop ! c’est trop de joie à la fois !

Madame la comtesse de Valenfleurs et Julian s’élancèrent avec inquiétude vers la jeune femme, mais elle les repoussa doucement.

— C’est passé, dit-elle avec un charmant sourire ; oh ! la joie trop vive fait presque autant de mal que la douleur. Soyez le bienvenu, señor don Cristoval, et vous aussi, chère doña Luisa, ainsi que vos chers enfants.

Alors ce fut un flot montant de caresses et de compliments qui menaçait de ne jamais tarir.

Mais heureusement le docteur d’Hérigoyen, Bernard et sa femme entrèrent presque en même temps dans le salon et vinrent faire ainsi diversion.

Puis on annonça le dîner et on passa dans la salle à manger.

Lorsque les premiers services eurent enfin disparu, la conversation, un peu languissante jusqu’à ce moment, devint alors générale.

— Laissez-moi vous dire avant tout, s’écria l’haciendero, que nous sommes dans l’admiration. Don Julian, vous et votre ami don Bernardo, vous m’avez ménagé la plus agréable surprise. Ma foi, nous sommes en famille ici, pourquoi ne l’avouerai-je pas ? Ma femme et moi nous avons été touchés jusqu’aux larmes en pénétrant dans notre hôtel ; nous avons cru rentrer à la Florida après une longue excursion dans la savane. C’est véritablement miraculeux ! Tout y est, jusqu’à la salle a manger. Je me suis senti tout de suite à mon aise ; dès le premier moment, j’étais chez moi ! Que de soins et de mémoire il vous a fallu, cher ami, pour reconstituer tout cela tel que vous l’avez vu là-bas, dans l’Arizona !