Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/329

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— Comme il vous plaira, chère Vanda ! répondit-il.

Vanda fit un vif mouvement d’impatience.

— Je ne sais vraiment à quoi vous pensez, mon frère ? reprit-elle.

— À vous toujours, Vanda.

— La phrase est galante ; je vous en remercie, mon frère, répondit-elle avec un sourire légèrement ironique, mais je vous avoue que je n’en crois pas un mot. D’ailleurs, ajouta-t-elle avec intention, est-ce qu’un frère pense ainsi toujours à sa sœur.

— Vous n’êtes pas ma sœur, chère Vanda, répondit-il doucement, et j’en remercie le Ciel.

La jeune fille, peut-être pour cacher la rougeur qui avait subitement empourpré son charmant visage, fit sentir la cravache à son cheval, et repartit au galop.

Armand la suivit.

— Il faut avouer, reprit-elle après un instant, que vous n’êtes pas aimable ce matin, Armand ?

— Moi ? s’écria-t-il avec surprise, vous aurais-je blessée sans le vouloir ?

— Blessée ! non, mon frère, mais douloureusement froissée, reprit-elle avec une légère moue qui la rendait plus ravissante encore.

— Et comment cela ? mon Dieu ! s’écria-t-il de plus en plus étonné.

— En me rappelant que je ne suis pas votre sœur, Armand, mais seulement une pauvre fille abandonnée et recueillie par pitié par votre chère et excellente mère.

— Vanda ! cruelle enfant ! s’écria-t-il avec douleur, pouvez-vous donner un sens aussi affreux à mes paroles ?

— Vous vous méprenez, mon ami ; je sais tout ce que je vous dois, à vous, mon sauveur. Jamais je n’essaierai d’expliquer vos paroles ; au contraire, je conserverai toujours, soyez-en bien convaincu, une profonde reconnaissance pour les bienfaits dont vous m’avez comblée.

— De la reconnaissance ? Toujours ce mot ! murmura-t-il tristement.

— Que dites-vous ? demanda-t-elle curieusement.