— Rien, chère Vanda, rien du moins qui vous intéresse.
— Tout ce qui vous touche m’intéresse, Armand, répondit-elle avec sentiment.
— Bien vrai ? fit-il en essayant de sourire.
— En doutez-vous ? reprit-elle d’une voix mutine.
— Que sais-je ? murmura-t-il en retombent dans sa tristesse.
— Vraiment, je renonce à vous comprendre, fit-elle avec dépit.
— Eh ! suis-je bien sûr de me comprendre moi-même ? reprit-il en hochant la tête.
— Qu’avez-vous, mon frère ? Vous m’inquiétez sérieusement. D’où provient cette tristesse, qui depuis quelque temps s’est emparée de vous ? Seriez-vous indisposé, souffririez-vous ?
— Je n’ai rien, je vous assure ; je suis comme tous les jours.
— Oui, depuis quelque temps, reprit-elle avec mélancolie : autrefois, il y a quelques mois à peine, nous nous disions tout ; nous n’avions pas de secrets l’un pour l’autre.
— C’est vrai, chère Vanda, fit-il avec un soupir étouffé ; mais nous étions des enfants alors.
— Que sommes-nous donc à présent ? répliqua-t-elle avec un doux sourire.
— Vous êtes une adorable jeune fille, que tout le monde admire, chère Vanda.
— Allons ! dit-elle gaiement, tout n’est pas perdu encore, vous redevenez galant ; merci, Armand ; mais vous, qu’êtes-vous à présent ?
— Moi, Vanda, je sens que je suis un homme, car je commence à souffrir.
— Oh ! pourquoi ne me le disiez-vous pas ! J’aurais essayé de vous consoler, mon frère, comme je le faisais autrefois quand vous aviez des chagrins.
— Ces chagrins n’étaient que des enfantillages, Vanda ; aujourd’hui, ce sont de véritables douleurs.
— Mon frère…