Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/34

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on ne voyait que l’épaisse chevelure, le front et les yeux ardents, dont les regards inquiets interrogeaient le couvert.

Il fallait posséder la vue perçante de ces hardis coureurs des bois pour distinguer une tête humaine au milieu du fouillis qui l’enveloppait de tous les côtés.

Quel que fût l’individu à qui cette tête appartenait, il semblait n’être que médiocrement rassuré, cela était visible.

Il hésitait et ne savait quelle détermination prendre.

À plusieurs reprises il se souleva jusqu’à laisser paraître presque la moitié de son torse au-dessus de la muraille ; puis soudain, sans raisons apparentes, il plongea et disparut presque tout entier.

Enfin après un laps de temps assez long, rassuré sans doute par le silence et le calme qui régnaient autour de lui, il se décida.

En moins d’une seconde, il se trouva à califourchon sur la crête du mur, et d’un seul bond, malgré la hauteur considérable de la muraille, il sauta dans le parc avec une légèreté telle qu’il ne fit aucun bruit en tombant sur le sol, les genoux pliés en gymnaste émérite, et qui certes n’en était pas à son coup d’essai en semblables exercices.

Mais le pauvre diable, malgré toutes ses précautions, fut reçu assez brutalement sur le sein de notre mère commune.

À peine touchait-il le sol, que deux hommes, l’un à droite, l’autre à gauche, s’élançant d’un fourré, se ruèrent sur lui et pesèrent si lourdement sur ses épaules que, malgré la vigueur athlétique dont il était doué et qu’il déploya pour se défendre, il fut en un instant étendu sur la terre et garrotté solidement, sans qu’il pût faire le plus léger mouvement.

— Mille tonnerres ! s’écria-t-il en français en se voyant si subitement réduit à l’impuissance.

Ce fut tout. Il ferma les yeux, devint immobile et ne